Célébrer l’échec
L’échec n’est qu’un pas vers le succès… Bien que nous l’oublions souvent, nous sommes autant le fruit de nos échecs que celui de nos succès.
Nos succès pour leur part, nous procurent l’énergie, la joie et le fuel nécessaires pour persévérer dans nos activités ; parallèlement, nos échecs dans le cas des sages et avisés, servent de leçons de vie, sans égales. Comme le disent certains, « on n’échoue que lorsqu’on abandonne » car subir l’échec puis se relever est la chose la plus naturelle et relève de notre quotidien sans que l’on s’en rende compte pour autant.
L’échec est à célébrer dans deux cas de figures :
Le scénario le plus évident est celui où dans la poursuite d’un but précis, nous commettons des erreurs significatives qui nous freinent, nous retardent et nous démoralisent, surtout. Toutefois, suite au passage de cette étape amère, nous nous remettons à l’action ayant ajouté une leçon valeureuse à notre patrimoine. Nous jurons alors que l’on ne nous y reprendrait plus car nous connaissons désormais, de manière intime, certains rouages nécessaires à notre succès.
Il nous faut donc comprendre et accepter qu’à l’orée d’une nouvelle activité, idée ou stratégie, nous allons tous être confrontés à des imprévus, des obstacles quelquefois majeurs et des blocages qui nous sembleront parfois insurmontables. Toutefois comme le dit l’adage, « un homme averti en vaut deux ». Lorsque nous sommes obsédés et consommés par l’objectif qui nous est cher, nous ne soucions plus des obstacles car nos yeux sont inexorablement fixés sur notre but. Étant avertis, nous cherchons inconsciemment les solutions à tout problème sans jamais concevoir que ce dernier peut potentiellement être un frein définitif à nos ambitions. Prenant les exemples d’un jeune homme (ou jeune femme) qui après le BAC s’inscrirait à la faculté de médecine ou d’une personne en phase initiale d’ouverture d’un restaurant. Ces personnes sont conscientes de ce qui les attend, l’idée de l’abandon n’est donc pas une option et ne leur traverse quasiment jamais l’esprit ; l’échec n’est pas une alternative concevable dans ces esprits assoiffés, tout échec ne sera donc qu’une sorte de dos d’âne dans une course non-stop vers l’atteinte de l’objectif ultime.
Le deuxième cas de figure où l’échec serait à célébrer est celui où un individu se serait engagé dans une carrière qui en réalité ne lui convient pas. Cette voie fut sans doute choisie par défaut, pour faire plaisir aux parents ou parce que la société y attribue de la valeur. Artiste dans l’âme mais pour des raisons sociales ou sociétales, la personne devient médecin, architecte ou comptable.
Je rencontre souvent des jeunes diplômés en ingénierie, biologie ou autre, se réfugiant dans le premier secteur d’activité qui a bien voulu les accueillir. Ces derniers se retrouvent alors navigants des carrières qu’ils n’apprécient pas et qu’ils méprisent même, très souvent. Si un échec considérable ne survient pas, ces derniers demeureront sans doute sur cette voie morose sans jamais connaître l’épanouissement, la joie de vivre et le sens de la valeur ajoutée que certains d’entre nous avons eu le plaisir de connaître dans nos odyssées respectives.
L’erreur dans le schéma précité fut de ne pas avoir tout fait pour atteindre ses ambitions réelles et ses rêves d’enfants. Le choix de la voie relativement facile du premier job possible est un faux pas qui risque d’être payé très cher en stress et amertume. Nous n’avons qu’une seule vie et l’option de vivre misérable dans un emploi où nous ne nous retrouvons pas naturellement comblés et accomplis, n’était alors pas une décision avisée. Sans le conseil et le coaching d’un ainé doté de sagesse et de recul, choisir sa voie est un pari difficilement gagné.
Par expérience personnelle et professionnelle, je favoriserais largement l’échec dans ce cas de figure car ce dernier servirait de sonnerie d’alarme qui nous réveillerait de notre sommeil pour nous dire, cette carrière ne veut plus de toi. C’est alors que nous allons possiblement être forcés, malgré nous, vers la voie qui nous était destinée originellement.
Un bon exemple que j’ai eu l’opportunité de voir dans ma carrière de formateur, fut celui de plusieurs diplômés qui faute de mieux, suivirent une carrière de commercial. Après plusieurs années sans gloire vu l’inaptitude naturelle requise à cette activité, la presque-dépression s’installa et l’absence de revenu minimal força cette jeunesse à choisir la porte plutôt que de subir un stress meurtrier au quotidien. Une fois le deuil passé, plusieurs ont lancé leurs propres activités nées de leurs rêves les plus fous. Une nouvelle existence prenait alors naissance. De nouveaux challenges, déceptions, échecs et succès se cachaient derrière l’horizon. Quel qu’était la nouvelle activité et son degré de difficulté, nous pouvions clairement observer la joie, l’excitation et l’espoir dans les yeux de ces jeunes rescapés.
A ces nouveaux entrepreneurs, je soulignerais simplement qu’en vue de s’auto-motiver, il suffit de se rappeler que nos « idoles » d’aujourd’hui sont tous passés par les mêmes déboires.
Je prendrai pour exemple le fameux Michael Jordan, champion incontesté de Basket Ball qui, à ses premiers essais pour la ligue NBA, se vit rejeté pour manque d’aptitude et pour physique quelque peu chétif. Sa maman raconte que suite à cet échec le jeune Mike se réveillait très tôt tous les matins pour s’entraîner un minimum de deux heures avant d’aller à l’école. Cette persévérance était avisée car comme nous le savons aujourd’hui, Jordan s’est vu récompensé de tous les titres, trophées et récompenses possibles ainsi que de sa propre gamme d’articles de sport par la marque NIKE.
Walt Disney à son tour s’était vu renvoyé de son premier job de dessinateur de bandes dessinées et ce, pour manque d’imagination, chose qui est difficile à concevoir, vu la taille de cet empire incontournable que nous connaissons tous aujourd’hui. Si ce dernier avait accepté l’échec comme destination finale et non comme simple escale temporaire, puis abandonné son rêve, notre monde et nos enfances respectives en auraient été fondamentalement différents.
Ce ne sont pas les exemples d’échecs transformés en énormes succès qui manquent; il nous faut juste lire les biographies de nos héros préférés pour comprendre que ceci est en fait la règle générale et non l’exception.
Toutes les belles avancées technologiques desquelles nous jouissons aujourd’hui ont connu un chemin ponctué d’échecs. Qu’il s’agisse d’une tablette, d’un avion ou d’une connexion WIFI, tous sont nés suite à des soucis majeurs et accablants.
Certains projets scientifiques comme les satellites, les fusées spatiales ou les IRM ont dans certains cas pris quelques trentaines d’années d’essais amers et de retours à la case de départ.
Je finirai par le cas du Télescope Hubble qui fut entamé en 1970 avec une projection d’achèvement en 1983. Le projet ne vit le jour qu’en 1990 dû à une panoplie d’échecs technologiques et scientifiques qui lui valurent sept ans de retard fort coûteux. Après lancement sur orbite, ce projet d’un milliard et demi de Dollars n’était en fait pas au bout de ses peines car les premières photos tant attendues du Cosmos prises par l’instrument, furent floues et donc sans aucune valeur scientifique. L’espoir de milliers d’esprits brillantissimes, à la pointe de la science furent anéantis. Les miroirs, les prismes et les objectifs avaient-ils connus des dommages imprévus lors de leur sortie de l’atmosphère ? Ce projet était-il mort ? L’option d’abandonner ne saurait toutefois être une alternative réelle. A l’issue de plusieurs mois de travail supplémentaire, le problème fut localisé et déterminé avec certitude et à la cinquième mission dans l’espace, les astronautes purent enfin réparer l’instrument affecté. Pour les fans de l’astrologie et l’astrophysique, je n’ai nul besoin de souligner l’importance de cet exploit. Le Hubble Télescope a en effet aidé la science à répondre à certaines questions cruciales pour l’humanité, telles que l’âge de l’univers et la véracité de la théorie du Big Bang. Il a par ailleurs et entre autre, pu réaliser les clichés les plus spectaculaires de la naissance d’étoiles dans de bien lointaines galaxies, chose qui facilite la compréhension des phases de notre soleil et de notre petit coin de l’univers.
Conclusion : Ne voyons pas l’échec comme un élément négatif car il ne l’est pas. Il est en fait la meilleure école que nous avons car ce n’est que lorsque l’on vit un souci qu’on le comprend réellement ; en entendre parler ou le lire dans un livre d’école ne saurait valoir la leçon qu’est le vécu ! Nelson l’a dit avec plus d’éloquence que quiconque lorsqu’il expliqua « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends quelque chose. ».