Une question sérieuse que je me pose ces derniers temps :« Dois-je changer de métier ou simplement ajuster mes discours en formation et mon approche commerciale ? ».
Le monde est en mutation perpétuelle et son changement a connu une accélération fulgurante post-Covid. Ceci me pousse aujourd’hui à remettre en question ma vision, ma stratégie, mon parcours et peut-être même la destination ultime de ma carrière professionnelle.
Je fais là, allusion à mes cursus de formations commerciales en particulier mais pas seulement. Entre autres, mes messages d’authenticité, de sincérité et d’abnégation envers ses clients, ont de moins en moins d’auditoire passible d’assimiler ce message qui est, semble-t-il trop « old school » de nos jours.
Sauf exceptions, demander aux moins de quarante ans d’intégrer le facteur humain et d’essayer de nouer des relations solides avec leurs prospects, tient du ridicule de nos jours ; ces derniers ne peuvent aujourd’hui que répéter quelques phrases standards, se cacher derrière les spécifications de leur produit ou service puis espérer que le client trouve son compte dans leurs récits tout à fait génériques. Quelques secteurs d’activité échappent heureusement à cette règle et l’industrie agricole, à titre d’exemple, en fait partie. Dans celle-ci, j’ai plus souvent affaire à des connaisseurs qui maîtrisent parfaitement l’aspect technique de leur métier mais ne négligent jamais le facteur relationnel pour autant.
Il est important de souligner que les générations qui ont suivi la mienne ne sont nullement à blâmer pour leur approche au business ou pour quoi que ce soit. C’est en fait à moi et à ceux de mon âge qu’il revient de s’adapter à cette nouvelle réalité. Nous vivons dans un monde inexorablement digitalisé où la relation humaine a de moins en moins d’importance ou de nécessité d’être. Je suis né avec un stylo à plume et des buvards, les jeunes d’aujourd’hui eux, sont nés avec un PC ou un smartphone. De surcroît, cette jeunesse n’a pas connu l’époque où l’étendue de la famille se réunissait presque tous les jours avec cousins proches et éloignés, oncles et tantes ainsi que le voisinage qui faisait partie des réguliers. N’ayant donc pas eu ce frottement durant l’enfance, converser de tout et de rien avec un inconnu est une tâche logiquement improbable dans la plupart des cas, et source de stress même pour certains.
Ces tendances récentes ont donc aussi fait surface partout dans le monde Corporate. Les responsables au sein des entreprises sont de moins en moins intéressés par quelque relation avec leurs prestataires. Noyés dans leurs procédures et consommés par l’obsession de satisfaire leurs supérieurs, managers et directeurs n’ont plus le temps créer des liens humains, qui seraient en fait mutuellement bénéfiques à long terme. Seul le désir de grimper les échelons de l’entreprise anime une grosse partie de cette génération devenue, à juste titre, très égoïste et individualiste. Je dis « à juste titre » car les choses se corsent de plus en plus et le coût de la vie ne cesse de grimper ; il n’y a alors plus de temps pour autre chose la quête de la stabilité financière. Tout le reste est secondaire ! Le schéma actuel n’est donc plus propice à l’établissement d’une amitié professionnelle.
J’en reviens donc à ma question initiale pour ensuite révéler ma propre réponse à moi-même : « Dois-je me convertir à autre chose ou dois-je simplement altérer le contenu de mes formations et mon approche commerciale ? ».
La réponse évidente est oui à la deuxième partie. Je me dois de continuer à ajuster le tir en permanence. Prêcher un discours incongru et en déphasage avec mon temps et mon audience serait une recette désastreuse pour ma carrière et ma réputation de formateur. Je dois parallèlement « me numériser » davantage pour atteindre une génération de décideurs qui ne communique plus qu’en format digital. A ces mots je ressens déjà l’excitation d’un enfant auquel on aurait offert un nouveau jouet. En effet, le challenge est source d’adrénaline et d’excitation, la routine elle, est source de dépression.
A mes chers clients et partenaires, je dis « attendez-vous à du nouveau en cette nouvelle année ». Happy 2023 à tous !
Karim Kadiri
Le 31/12/22